Témoignage de l’AGORAé de Metz

AGORAé

Trois questions à Nathalie Meco, vice-présidente en charge de l’AGORAé de Metz de FEDELOR, fortement impliquée dans la collecte et la redistribution de denrées alimentaires aux étudiants de l’Université de Lorraine sur le campus lorrain.

Qu’est-ce qu’une AGORAé ?

Une AGORAé est une épicerie sociale et solidaire et un espace de vie pour les étudiants. Le projet a été porté par la FAGE (Fédération des Associations Générales Étudiantes) en 2009 et il a pris forme sur le territoire Lorrain grâce à FEDELOR à partir de 2012. Notre mission principale est de lutter contre la précarité étudiante à travers des collectes de denrée alimentaire en partenariat avec la Banque alimentaire que nous redistribuons à 10% du prix du marché. Par exemple, un paquet de pâtes vendu 1€ ou 1€20 en magasin, sera revendu à 12 centimes à l’AGORAé. Les bénéficiaires de celle-ci peuvent dépenser 8 euros par mois dans notre épicerie, cela représente dans un commerce normal des courses d’environ 80 à 100 euros. Ainsi, ces économies permettent aux étudiants d’allouer cette part de leur budget à d’autres domaines pour permettre de réaliser leurs projets.

Pour bénéficier de leurs aides, le bénéficiaire doit remplir un dossier auprès des assistantes sociales de l’Université de Lorraine ou du CROUS, toutefois les critères d’admission sont assez larges pour favoriser la mixité sociale et ne négliger personne. Dans ce même but, nous organisons des ateliers cuisine pour sensibiliser au gaspillage, des parties de foot et des soirées jeux de société. Notre équipe est majoritairement constituée de bénévoles et de service civique.

Qu’est-ce qui a changé depuis l’apparition de la pandémie ?

L’AGORAé compte cette année 127 bénéficiaires, et pour certains d’entre eux la situation s’est aggravée en urgence alimentaire. Durant le confinement nous avons pu distribuer une aide alimentaire à 72 étudiants messins identifiés par les assistantes sociales comme étant en urgence alimentaire. La plupart de ceux-ci sont en difficulté, car les aides de l’Etat sont insuffisantes et/ou leurs parents ne peuvent pas nécessairement les aider. De plus, beaucoup combinent études et jobs étudiants contraignants, comme celui de livreur sachant que la crise a vu disparaître la plupart de ces emplois.

De plus, en raison du confinement, nous ne pouvons plus assurer l’ouverture de notre épicerie et la banque alimentaire ne nous livre plus. Nous avons alors dû trouver un utilitaire pour aller chercher les denrées alimentaires ce qui représente un coût supplémentaire et une perte de temps. Un service de livraison à domicile de denrées alimentaires gratuits, en partenariat avec le CROUS, a pu être mis en place. Si au départ, nous livrions quatre étudiants par semaine, c’est à présent plus d’une vingtaine d’étudiants qui nous sollicitent toutes les semaines. Dans mon secteur, nous sommes trois pour livrer: une volontaire en service civique, un bénévole et moi-même, et nous organisons les livraisons entre les Cités Universitaires et les résidences privées.

Nathalie, quels sont vos besoins ?

Les livraisons sont hebdomadaires afin d’assurer une bonne gestion des stocks et respecter les dates d’expiration. Jusqu’au 6 avril, seules des denrées dites « sèches » étaient distribuées. Puis nous avons reçu un soutien de TransGourmet qui trie et emballe des colis pour les bénéficiaires, ce qui nous a permis d’ajouter des produits frais aux colis. Dans un même temps, nous avons reçu deux très bonnes nouvelles : un don de 25 kg de fruits et légumes d’une dame et la mise en place de bons alimentaires par le département de la Moselle.

Mon pôle est en constante perte et c’est ma fédération qui fait l’avance de trésorerie, mais ce n’est jamais suffisant, nous devons sans cesse demander de l’argent sans malheureusement pouvoir acquérir le matériel de stockage nécessaire. Il arrive que nous devions jeter quelques produits par manque de place dans nos frigos. Il y a peu, l’AGORAé de Nancy a eu un énorme problème. En effet, leurs deux frigos les ont lâché, fort heureusement l’Université de Lorraine a réussi à débloquer des fonds pour en acheter un… mais nous voyons que c’est très tendu !
Au-delà de cette crise qui aura ouvert les yeux à tous sur l’utilité et la nécessité des AGORAé pour les étudiants de l’Université de Lorraine, nous espérons obtenir plus de subventions des infrastructures à long terme.
Mais pour l’instant, nous avons besoin de produits alimentaires et d’argent, le plus vite possible !

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